Victor de l’Aveyron
Autour de l’année 1800, dans l’Aveyron, des chasseurs capturent un enfant mystérieux, nommé “Victor l’enfant sauvage” d’une dizaine d’années. Il marche à quatre pattes, est à première vue sourd et muet, ne s’arrête pas de faire de grands gestes décousus et est couvert de cicatrices. On suppose alors qu’il a été abandonné très jeune dans la forêt car il était idiot et aurait survécu en se nourrissant de racines et de pommes de terre crues. On le surnomme vite « l’enfant sauvage », et il devient un phénomène régional. Un représentant du gouvernement se saisit de son cas : on ne parle plus que de lui, toute la population veut voir de ses yeux le Sauvage, le toucher.
Alors un professeur d’histoire naturelle, l’abbé Bonnaterre le recueille à Rodez. Puis il est envoyé à la capitale chez Jean-Marc Gaspard Itard, un étudiant en médecine qui se met en tête de l’éduquer et surtout de l’étudier. L’enfant sauvage ne progressera que très peu : il acceptera de manger des aliments cuits, de dormir dans un lit, difficilement, de porter des vêtements, et arrêtera de mordre et griffer les personnes à proximité. En revanche il ne parlera jamais, et deviendra un adolescent solitaire, livré à lui même dans un établissement de sourds-muets.
Il meurt en 1828 dans les ruines d’un couvent abandonné et son corps est jeté à la fosse commune.
Le cas de Victor de l’Aveyron fut étudié par de nombreux philosophes car il ouvre un débat dont on ne connaît pas encore la réponse : naît-on humain ou le devient-on ?
Cet enfant et la problématique qu’il fait naître inspira le célèbre film « L’enfant Sauvage » de Truffaut en 1970, ainsi que de nombreuses œuvres philosophiques.